Cocalane de la truye au foing, à Monsieur de Joyeuse
J’ay voulu Monsieur vous escrire
Chose dont vous ne ferez que rire,
Et pour vous saluër de loing :
Ce sera de la truye au foing.
Vieil quolibet de Picardie
Il est certain qu’en Normandie,
Croist plus de cidres que de vins
Il faut bien sçavoir des devins,
L’evenement de nostre France,
Nous voyons bien quelle souffrance,
Elle endure depuis vingt ans
Nos dissimulez courtisans,
Se font gras de nostre dommage
Ne laissons pas de faire hommage,
Puis que c’est un faire le faut
Sans eslever nos cœurs trop haut,
A qui régente ce Royaume
On ne joue autant à la paume,
Comme l’on joue à boutte hors
D’autres se rengent des plus forts,
Cautherisans leur conscience,
Car leur plus celebre science,
C’est la magie & le cathan
Je pense bien que de cest an,
Nous ne serons tous à nostre aise
D’une mule fière & mauvaise,
Ne faut du derriere approcher
Ce mariage a cousté cher.
Maintenant s’en boit la folie
France a esté longtemps remplie,
De braves & loyaux François
Si nos Marchands vivent de poids,
Aussi faict de Bules le Pape,
Aujourd’huy au lieu d’une cape,
On porte un reistre au long manteau
Yvrongne ne sçait que couste eau.
Sur cousteau voilà l’equivocque,
Un bon fils jamais ne se mocque.
De son pere sous beau semblant
O maudict conseil tout sanglant
Qui fut trainé aux Tuileries
Lequel enfanta les turies.
Du jour de Sainct Barthelemy
Je n’ose en parler qu’à demy :
Parce que la playe est nouvelle,
Depuis trois jours j’ay eu nouvelle.
De ce qu’on faict au pays bas,
Le Prince d’Orange n’est pas.
Tousjours le plus fort en campaigne,
On dict bien que le Roy d’Espaigne:
Est devenu presque insensé,
Mais qui eusse jamais pensé.
Voir en France une telle esclandre,
Les dales sont cheres en Flandre.
Genly paya cher son escot,
A propos on ne dit plus mot
De la monarchie Turquoise,
On dict bien qu’on veut la Françoise.
Réduire à ceste forme là,
Il faut conclure sur cela.
Qu’on veut ruyner la Noblesse,
Je sens bien où le mal me blesse.
Mais pour tant dire ne le veux
Ne pensons pas prendre aux cheveux.
Celuy qui du tout sera chauve,
Un Prince vistement se sauve.
Pour une prison éviter,
On veut bien le Roy acquiter.
Mais ceux-là à qui l’escart touche,
Comme bas or, craignant la touche.
Pour certain le l’on trouvez bon.
Quand à la race de Bourbon.
Elle est Françoise pour la vie,
Toutesfois je ne porte envie.
A ceux plus qu’eux hauts eslevez,
De Te Deum, & des Saluez.
On nous a faict mainte algarade
Qui fist publier la croisade.
Ce fut ce fin Pape Leon,
Mandelot fist faire à Lyon.
Un horrible & sanglant carnage
Pour cela ne perdons courage.
Car il faut passer plus avant,
On ne frappe plus par le devant.
Mais par derriere ô chose indague.
La femme on tient pour bonne bague.
Qui a un gros cul rebondy,
Il est vray qu’Albert de Gondy :
Reluire auiourd’huy faict sa race,
Car du Roy a si bien la grâce.
Qu’acquis il a le grand collier,
Quand à ce vieillard Chevalier.
A tort fut mené au supplice
En l’accusant d’estre complice.
D’une grand conjuration
Pour vray à nostre nation,
On a par trop lasché la bride
Strosse faict voile à la Floride.
C’est un voyage assez loingtain
Je suis toutesfois bien certain,
Qu’il pensoit prendre la Rochelle
On entre bien par une eschelle.
Dedans une chambre d’honneur
Le Roy n’est pas trop grand donneur.
Aussi est-il fort en arriere
Toutesfois il donne en derriere.
A ceux qui font des mal-contents
Vivons, laissons couler le temps.
Faut-il pour cela qu’on s’en fâche
Non non, mais je veux bien qu’on sache
Que l’estranger gouverne tout.
Nous en verrons un jour le bout.
S’il plaist à Dieu, comme je pense
Le macquereau on recompense,
Sçavez comment recompensé,
Il est de tenir dispensé
Les bons & bien gras benefices
Il ne se donne plus d’offices.
Les courtisans en sont exclus,
D’en avoir ne se parle plus:
Car Sardinis les tient à fermes,
Neantmoins soyons tousjours fermes
Considérant le temps qui court,
Il faut pour estre aymé en court :
Bien basler & danser la volte
Mais si la Flandre se révolte
Jehan d’Espaigne est bien empesché,
Ce pauvre Comte est depesché.
Sans luy garder la foy promise
Si la Rochelle eust esté prise:
Nous eussions veu des beaux Edicts
Processions, chansons & dicts.
Avec renforts de belles festes,
Le Roy a faict couper les testes
De La Mole & de Cauconas
Une dame en Court son connas,
Entier, & si est des plus belles
Huguenots ne sont plus rebelles.
Quand on vient aux Edicts de paix,
Pour n’avoir preveu à leurs faicts.
Ces deux Mareschaux testes sages
Ont esté logez dans des cages.
Pour leur apprendre leur leçon,
Le tiers fut plus finet garçon.
Il a bien paré l’estocquade,
Descouverte fut l’embuscade,
Qui estoit dressée aux Estats,
C’estoit aussi de vrais appasts.
Pour attrapper quelqu’un au piege
Lusignan après un long siège,
Avec grand honneur s’est rendu,
Montauban s’est bien deffendu,
A la fin s’est rendu Sancerre:
Mais La Rochelle à tenu serre.
Ayant tousjours un œil au guet,
Souvenez vous de ce muguet,
Tant parfumé de muscq & ambre,
On l’a tué dedans sa chambre.
On n’ignore point qu’il l’a faict
Ne tenons pour amy parfaict.
Qui partout faict une maistresse,
Certes je languy en detresse.
Quand si loing de vous, je me voy.
Ou permets de fausser la foy.
A ceux qu’on tient pour heretiques
O belles ruses & pratiques.
Pour s’esmanciper à tout mal
De tesmoin nous sert l’Admiral.
Qui premier falloit qu’il apprinsse,
Comme on se doit fier d’un Prince.
Car il a esté massacré,
Après que le Roy fut sacré.
Il espousa sa chère espouse,
Il y a des ans plus de douze.
Qu’en repos nous n’avons esté
Grand chaleur sera cest esté.
Si Nostradamus ne s’abuze,
Nous cognoissons une autre excuse.
Que le mal qui est un tharault
On a crié le grand harault.
Après ce jeune petit Prince,
Si falloit-il bien qu’il revince.
Pour deslier les prisonniers,
Pourquoi faut-il calomniers.
Ceux qui ne veulent point de guerre
Tant vaut l’homme, tant vaut sa terre.
C’est un vieil proverbe Picard,
La France prise son Ronsard.
Autant qu’un Toscan son Petrarque.
Les Poulonnois pour leur Monarque
Ont esleu Henry de Valois,
Duquel n’ont eu Edicts ny loix.
Car bien tost quitta la partie
C’est une dure despartie.
Qu’une enclume partie en deux,
Grand mal on veut à ce boiteux.
Qui a trainé la tragedie
Il faut certes que je le die.
Qu’il a bien-faict des ennemis,
Ceux-là estoient trop endormis.
N’ayant sçeu leur malheur comprendre,
Car par cœur on leur fit apprendre.
Ce cuisant resveille matin
Je l’ay veu escrit en Latin,
En François, & en autres langues
N’avez vous point leu d’autres harangues.
Faictes par baisé, & langue aussi,
A ce Colloque de Poissi.
Devant une belle assemblee
La Court fut bien assez troublee.
Car ils avoient parlé bien haut,
Pour estre bon danseur il faut
Avoir grâce & tenir mesure
Si Adjacet preste à usure.
L’interest n’est pas pour le Roy,
Sortis sont du grand Godefroy.
Ces Princes Lorrains, comme on chante
C’est une nation meschante.
Que de ces larrons peagers,
France ayme trop les estrangers.
On le dict en commun proverbe,
Nous mangerons nos bleds en herbe.
Si tost remede n’y est mis
Or beuvons à nos bons amis,
Et soyons tousjours en cervelle
C’est un bon baston que Granvelle.
Il fait ces choux gras du discort
Un prince fin, sage & accort,
Partit un soir apres la chasse,
On pourmeine souvent la chasse.
De la Diane de Paris
Pour cela ne soyons marris,
Beuvons cela doux comme beure
En bien peu d’heure Dieu labeure.
Proverbe qui se dict souuent
Petite pluye abat grand vent.
Leger fardeau à la fin poise,
Je cognois dame si courtoise.
Qu’un seul ne daigne refuser
Ce n’est pas pour nous abuser,
D’un sacrifice expiatoire,
En preschant que le purgatoire.
Est proche de son but dernier
Pourtant ne faut Dieu regnier:
Car ce seroit trop grand blasphème;
Tel en haste espouse une femme,
Qui s’en repent tout à loisir
Le Roy tout le soir prend plaisir,
Aux danses & aux comedies
Plus on ne craint ces maladies,
Qui font aller à claquedents
Pour entendre tels accidents.
C’est la Pelade ou la Verole
On ne preste plus sur parole.
Mais sur quelques joyaux de prix
Anvers a failly d’estre pris.
Mais la faut fut cher vendue,
Une Abesse nonnain rendue.
Quitta son froc pour un mary,
Son pere est assez marry:
Car il est ferme, & bon papiste,
Qui plus un ferme Calviniste.
N’est pas du premier coup vaincu
Il fait bon estre un peu coqu.
En ce temps il est profitable
Ce beau pouvoir d’un Conestable,
N’est plus en la France receu
Je ne sçay si vous avez sceu,
Qu’on brassoit quelque autre menee
Je croy bien que de ceste annee,
On ne le mettra point à fin:
Car le Huguenot s’est faict fin.
Mais ça esté apres la feste,
On tient que la paix s’en va faicte.
Le peuple est taxé aux despens
Ils sont enflez comme serpens.
Messieurs nos maistres de Sorbonne
En preschant, que c’est œuvre bonne.
D’exterminer les Huguenots
Aux Advents ils chantent les os.
Alleluia se chante à Pasque
Le vœux qu’on faisoit à Saint Jacque,
Sont à present fort refroidis,
Or ne soyons plus si hardis.
Tenons nostre vie plus chere
Si paya-il la fole enchere,
Pour s’estre au Roy trop descouvert
Tous les fols ne portent du verd
La taincture seroit trop riche
Je crains voir ce Royaume en friche.
Il est griefvement affligé
Il est chargé & rechargé,
D’emprunts, d’imposts, & de grands tailles,
Et puis nos civiles batailles:
Viennent le reste ravager
Parquoy je crain que l’estranger
Du nostre à la fin ne s’empare
O cruauté plus que barbare
D’avoir meurtris petits & grands
Je m’estonne que ces tirants,
N’ont eu remord de conscience,
Il faut tout prendre en patience.
Puis que le mort à tousjours tort,
Voulez vous sçavoir, qui est mort.
C’est le Cardinal de Lorraine
Qui jamais n’eust sa bourse plaine.
Selon son avare appetit,
Un grand sera long-temps petit.
Qui veut demeurer en tutelle
Quenoille & fuzeaux de crotelle.
Le milan fromage affiné
Livron qui est en Dauphiné.
Nous a faict une grand vergongne
Monsieur le Prince est en Bourgongne.
Car le pacquet en est venu
Au concile qui est tenu.
Reformer failloit la Prestraille,
Mais au contraire la canaille
Devenus en sont plus meschants,
Le gendarme qui tient les champs
N’ayme pas faire longue traicte,
Toutesfois beaucoup mieux se traicte.
Qu’il ne seroit en sa maison,
Je ne trouve pas grand raison
De faire un Chancelier estrange,
Nos Messieurs n’y ont point louange.
Je parle à ceux des Parlements
Les excessifs accoustrements
A tout vice ouvert ont la porte,
Tel nous voyons bien qui en porte :
Qui n’a pas le vaillant d’un œuf,
L’an mil cinq cens soixante & neuf.
Fut occis un généreux Prince,
La France en chacune province.
N’a eu depuis que tout malheur
Nos miseres ont belle peur
De rencontrer la malencontre,
Mais n’est-ce pas belle rencontre
D’un Ministre & d’un Jacobin,
Ce pauvre conseiller Sapin.
Paya la mort de Maudreville,
Il y a des ans plus de mille,
Que les Chrestiens sont en discords
Sur ces mots, cecy est mon corps,
Et ne voy point qu’on les accorde,
Dieu nous donne paix & concorde.
Nous en avons besoin assez
Les prières des trespassez.
Fort bien font boullir la marmite
Je ne seray jamais Hermite.
J’ayme trop la société
Nostre amy a icy esté.
Pour impetrer quelque demande,
On a renvoyé l’Allemande.
Son père aussi la demandoit,
Tel nous demande qui nous doit.
Tel rid nous qui voudroit nous mordre
Je croy qu’on ne veut point mettre ordre.
De réprimer tous ces pillards
Les mal contents sont trop gaillards.
Ils ont faict la part au plus jeune
Le Caresme plus je ne jeusne.
Il est trop long de moitié,
Je vous supplie par amitié.
Si d’amour m’en portez une once
De me faire quelque responce.
De moy je feray mon debvoir,
A Dieu vous dy, jusqu’au revoir.
Seconde truye au foing, pour ne m’avoir respondu
Si ma truye au foing avez leu
Je croy que point ne vous a pleu,
Puis que ne me daignez respondre
En tout temps, ne faut brebis tondre,
Se disent les bons laboureurs
O qu’un Royaume est mal’heureux.
Duquel bannie est la Justice
Ce Royaume est si plain de vice.
Que chassee en est la vertu
Un corps qui est bossu, tortu,
Peut-il loger une âme droicte
Mainte aujourd’huy font de l’estroicte,
Qui sçavent bien quel goust, vis ont
Or voila sur le gonviont,
Une équivocque assez gentille
Les grands sont mis en la Bastille,
Après qu’ils ont mangé le lard
Quand à ce radoté vieillard,
Avec ces belles Patenostres
S’il se fusse rangé de nostres,
Maintenant serions en repos.
Sathan ne craint, ny ces susposts.
Pourveu que paix nous soit donnee
Nostre jeunesse est adonnee,
A mille dissolutions
Cercher faut des inventions,
Tous les jours, pour avoir pecune
Toutes servir, n’en aymer qu’une.
C’est la devise que je tien
Le monde est assez gros Chrestien.
Chacun estudie à l’athee
La tragedie de Panthee,
Dont Xenophon en est l’auteur,
Montel qui en est traducteur.
Le mettra bien tost en lumiere,
C’est une reigle coustumiere.
Qu’on devient sage apres les plaids,
Cent mil escus ne sont pas laids.
Qui ne coustent que la quittance,
Apres la mort la repentance
Nous voyons cela trop souvent
De recommander son convent.
Un Cordelier point ne s’oublie,
La Prophetie est accomplie.
Nous avons des enfants pour Roys
Depuis vingt ans j’en ay veu trois,
Sans avoir rien gaigné au change,
Ne trouvons point cela estrange.
C’est Dieu qui nous veut chastier
Il faut jurer comme un chartier.
Aujourd’huy pour se faire croire
De quelque part soit la victoire.
Les Prestres n’auront pas du bon,
Ne souflons point tant le charbon.
Que nostre teste en soit malade
En amour une simple œillade,
A quelquefois grande vigueur,
Faut-il traicter à la rigueur
Celuy qui les estats demande?
Un boiteux pour saluer marmande.
D’un Roy ce contrefaict amy,
C’est un dangereux ennemy.
Qu’un dissimulé ypocrite,
Ceux qui font mieux la chatemite.
Auiourd’huy sont les mieux venus
En court sont si bien recognus,
Qu’employez sont aux grands affaires.
Eueschez sont hereditaires,
L’oncle le laisse à ses nepueux
Prestres & moines ont faict veux,
D’abhorrer tous les mariages ,
Et pour vivre en concubinages.
Ont estably le celibat,
Plus hardy se trouve au combat.
Celuy qui sent sa cause bonne,
Les Huguenots font peu d’aumosne.
Ils ont perdu leur charité
Je parle avecques verité,
Monsieur à mal traicte Issoire,
Prions Dieu qu’aucun accessoire.
Ne nous accule au fons du sac
La paix se traite à Bergerac.
Ce pendant on prenoit Brouage.
La prise apporte un tel dommage.
Que cause est d’un retranchement,
Nous aurons quelque changement.
Si ceste guerre continue
La porte du Pin est rendue.
Agen pense estre en liberté,
Mais ce corrompu affecté.
Luy a donné la cantonade
L’homme en santé qui n’est malade,
N’a que faire du medecin,
Si cracherez vous au bassin.
Messieurs de Guienne & Gascongne
Les Roynes ont passez d’ordonne.
Elles sont fort pres de Bordeaux,
Ou furent filez les cordeaux.
Par qui fut prise la Reaule
Fana en a pris la Reole,
C’est la fievre en tresbon Gascon
Entre Beaucaire & Tarascon.
On ne void bœuf ny mouton paistre,
Montpelier est demeuré maistre.
Le Huguenot n’en est marry,
Je tiens par trop simple un mary
Qui veut du tout sa femme croire,
Croyez qu’apres manger & boire,
Luy donneras tes poix au veau,
J’ay veu par un Edict nouveau.
Qu’à maint la ruine on pourchasse,
Le Roy ayme à present la chasse.
La sepmaine il y va deux fois,
L’Eglise vend tous ses hauts bois.
Les pauvres se chauffent de tramble
Je prise moins la beste d’amble.
Qu’un beau & bon cheval de pas,
Une jeune à trois bons repas.
Ce me dict un jour un bon moine,
Je pense bien monsieur Antoine.
Que vous ne voudriez m’oublier
Plus tost que rompre il faut plier.
Comprenez ce que je veux dire,
Je ne me puis tenir de rire.
Quand je voy ses ambitieux,
Qui pensent escheler les cieux.
Avec leurs morgues tant superbes,
Il est au mois d’Aoust plus de gerbes.
Qu’en Janvier, Febvrier, ny en Mars
Sathan avec maints gris caffars.
Le tour de la foy sape & mine,
En chaire ils ont si bonne mine.
Qu’Appellés sont freres Mineurs
On a recours aux devineurs
Plus tost qu’à Dieu ou sa parole
De l’Atheisme on tient escole.
Les plus grands s’en sont faicts Regens,
Le Piedmont quand aux jeunes gens.
Pour la France estoit necessaire
D’estre perfide ou bien fauxcerre.
C’est la vertu de maintenant
Sot est qui cerche un Lieutenant.
Pour la nuict contenter sa femme
Sans doute une liesse extreme,
Est tousiours proche d’un malheur
L’homme prudent & de valeur.
N’est respecté de la jeunesse
On ne parle plus de l’Asnesse.
Qui porta le pere & le fils.
Le revenu du crucifix
A plusieurs a fermé la bouche,
Ce point à nos Huguenots touche.
Qui contrefont des Papelards,
Picards ont bien frottez leurs lards.
A ces petits friands de beure,
Chacun se souhaittoit à l’heure.
Breneux chez soy jusqu’au menton
Un Gascon avec un Breton,
Ce sont deux bons tireurs de laine,
Tel est qui a la bourse plaine.
Qui n’est saoul encor qu’à demy
Au besoin se cognoit l’amy.
Je le sçay par experience,
A Nerac on tient conference.
Pour mettre ce Royaume en paix
De belle promesse on nous paie.
Mais nous voyons tout le contraire
Toutesfois il se convient taire.
De peur que n’en soyons repris;
Voulez-vous sçavoir qui est pris.
C’est le Marquisat de Saluce
Bellegarde par son astuce
S’en est emparé proprement,
Je ne sçay par qui ny comment
S’appaiseront tant de querelles,
La Court a plus de macquerelles.
Qu’elle n’a des fille de bien
Soyons discrets, n’en disons rien.
De peur que n’offensions l’honneste,
L’honneur le François admoneste.
De mourir pour un desmenty
A fringuer femme l’apprenty.
Est meilleur ouvrier que le maistre
En pourpoint souvent voyons mettre,
Tous ses petits friants du jeu,
Rien d’animé ne vid au feu.
Sinon la froide Salamandre,
Monsieur de la Noue est en Flandre.
Qui fache l’Espagnol assez,
Je sen mes sens presque lassez.
De vous faire un si long libelle,
C’est Athée Machiavel
A bien enfanté de tyrans,
Qui cerchent de se faire grands.
Aux despens de leurs sujects mesme
On ne craint plus tant le Caresme.
Comme on faisoit au temps jadis,
Or n’acheptons plus paradis.
Qui gratuitement se donne
Ce beau pourparler de Bayonne.
A cause des sanglants effects
Lesquels ne sont encor tous faicts,
Le grand venin gist à la queue
Pleust à Dieu que n’eussions onc eue.
De nous plaindre l’occasion
Car la grande confusion,
N’atreine avec soy que ruine,
De l’estocquade Florentine.
Plusieurs s’escriment proprement
On dict aussi communement,
Qu’il n’advient tout ce que fol pense
Un sçay qui sa femme dispence.
Coucher dehors huict fois le mois,
Ce sont la sepmaine deux fois.
Pensez ou va la bonne beste
Communement poule caquette,
Apres qu’elle a ponnu son œuf,
En du drap vieil mettre du neuf.
Ce seroit perte avec dommage
Aussi vray que le mol fromage,
N’est pas trop bon pour un ribaut,
Peu après maistre Jean Thibaut.
Nostradamus a eu ses vogues,
Molossos en Latin sont dogues.
Mas mulet pour un Chancelier
Quiconque endure son soulier,
Le blesser souffre plus grands choses,
Hola, car ce sont lettres closes.
Gardons nous bien de les ouvrir,
J’espère un jour vous descouvrir
Des nouvelles plus d’une grosse
S’il qui dagua sa femme grosse.
Se monstra mary trop cruel,
On ne combat plus en duel.
Qu’on ne soit deux ou trois ensemble,
O sotte chose ce me semble.
De s’entretuer à credit
Aux serruriers ainsi qu’on dict,
Assez se taille de besongne,
Quoy que l’on die ou qu’on en hongne.
Il n’a pas une clef qui veut
Si la populace s’émeut,
Que la Noblesse pense à elle,
Car il n’est beste plus cruelle.
Qu’un vilain la fourche à la main,
Quand au Catholique Romain
De son épithete il faut rire,
Bougre universel c’est à dire :
Ce nom n’est-il pas fort plaisant,
Autant faut craindre un mal disant.
Que la contagieuse peste
J’ay tousjours peur d’une grande feste.
Volontiers c’est un jour fatal,
Attrapé est le corival.
A la fin si bien ne se couvre
Tesmoin celuy sortant du Louvre,
A qui on fist franchir le saut,
Croire sans douter il nous faut.
Qu’un marry qui a droit, chevauche
Et la femme le faict à gauche,
Ont beau picquer sans se trainer,
Le printemps de pres suit l’hyver.
Le beau temps vient apres la pluie,
De peur que je ne vous ennuie.
D’un plus long discours n’est besoin
Prenez en gré ma truye au foing,
Qui de tout mon cœur vous supplie
Que le vostre poinct ne m’oublie.
Si ceste truye au foing n’est comme je desire,
Monsieur ne laissez pas d’en tirer le meilleur
Faictes comme l’abeille esseant mainte fleur,
Qui des bonnes en faict son doux miel, & sa cire.
L’homme qui a ce don de bien escrire & dire,
Pour cela n’est exempt du Calumniateur
Voila pourquoy je crain l’envieux detracteur,
Qui aise n’est jamais, s’il n’a dequoy mesdire.
Toutesfois si de vous mon labeur est prise
Je croy que de plusieurs sera auctorisé,
Puisqu’entre vertueux gloire avez non petite.
Recevez donc Monsieur ce discours sans esmoy
Car s’il y a du mal, je le pren tout pour moy,
Mais s’il y a du bien prenez en le merite.
L’Anagramme dudit Seigneur.
Antoine de Joyeuse.
A Dieu on est en ioye
Qui par grace m’octroye
Sa clemence en tout lieu
A son amour m’inspire
Parquoy je puis bien dire
A joye on est en Dieu.